Du dimanche 26 août au mardi 28 août, 177 participants se sont réunis à Nairobi au Kenya pour soutenir et discuter de l’Initiative pour la restauration du paysage forestier africain (AFR100). L’objectif ? Faire progresser la restauration de 100 millions d’hectares de terres et de forêts dégradés sur l’ensemble du continent africain. Des représentants des 27 pays partenaires, des 27 partenaires techniques et des 12 partenaires financiers de l’Initiative ont effectué une visite de terrain sur deux forêts urbaines, annoncé de nouvelles plateformes, des engagements de pays et des stratégies de mise en œuvre prometteurs, et se sont résolus à faire progresser la restauration en Afrique.
Que s’est-il passé d’autre à la conférence de cette initiative dirigée et propre à l’Afrique ? Lisez ci-après notre récapitulatif de ces trois jours d’annonces et d’événements enthousiasmants :
La réunion a commencé tôt dimanche matin avec la visite sur le terrain de deux sites de restauration uniques de Nairobi ; la forêt de Brackenhurst et la forêt de Karura. Karura est une zone protégée de 1 041 hectares dans la ville de Nairobi et un excellent exemple de ce que peuvent accomplir les mouvements sociaux axés sur la conservation et la restauration. Dans les années 1990, la forêt était menacée par des promoteurs immobiliers, mais Wangari Maathai du Mouvement de la ceinture verte, un futur lauréat du prix Nobel, a mené une campagne publique à succès pour sauver la forêt.
Les délégués ont également visité le Jardin botanique de Brackenhurst, qui a restauré plus de 40 hectares de terrain avec des espèces de plantes indigènes, consolidant ainsi les services de l’écosystème fournis par le bassin versant de la vallée de Brackenhurst. Là, les délégués de l’AFR100 ont pu faire l’expérience directe d’un projet de restauration réussi, et ils ont quitté la réserve, prêts à travailler.
En partenariat avec le Global Landscapes Forum, 20 journalistes environnementaux chevronnés de tout le continent ont participé à un atelier réservé aux médias lundi. Les partenaires de l’AFR100 de l’Institut des ressources mondiales (World Resources Institute, WRI), de GIZ et de la Banque Mondiale ont présenté aux journalistes l’histoire et la situation actuelle de l’AFR100 et donné des exemples de modèles de restauration réussie venus d’Éthiopie, du Kenya, et de Madagascar.
Tôt dans la matinée de lundi, plus de 177 participants se sont rassemblés dans la salle de conférence de l’hôtel InterContinental de Nairobi, curieux d’en savoir plus sur les derniers développements dans la restauration du paysage forestier africain. L’année dernière, l’AFR100 s’est encore agrandi. Avec l’engagement du Burkina Faso de 5 millions d’hectares en marge de la 3e conférence annuelle des partenaires de l’AFR100, ce sont 27 pays qui ont désormais rejoint l’initiative et qui sont impliqués pour une superficie totale de 96,4 millions d’hectares. Un engagement en hectares ambitieux devrait également être annoncé prochainement par un autre pays partenaire. L’implication de l’Afrique derrière cette initiative est claire, mais comment les engagements peuvent-ils être mis en œuvre sur le terrain ? Heureusement, les partenaires de l’AFR100 ont su relever le défi.
L’Honorable Mohamed Elmi, secrétaire administratif en chef du Ministère de l’Environnement et des forêts du Kenya et Mamadou Diakhite, le responsable du secrétariat de l’AFR100 à l’agence du NEPAD de l’Union africaine ont lancé la conférence sur deux jours avec une allocution de bienvenue.
Wanjira Mathai, présidente de la Fondation Wangari Maathai et conseillère de WRI, a ensuite fait un discours vibrant sur le développement d’un mouvement de restauration. Pour Mathai, ce n’est qu’en réfléchissant à la durabilité à long terme des interventions sur l’intégralité d’un paysage qu’un changement durable pourra être réalisé. Elle a invité les gouvernements nationaux à collaborer avec les représentants locaux et régionaux pour mettre en œuvre la restauration sur le terrain.
Son Excellence Kebede Yimam, le ministre éthiopien des forêts, a souligné que 50 % des populations africaines vivent sur des terres dégradées, et que ce nombre augmentera si les gouvernements, les ONG et le secteur privé ne prennent pas de mesures. L’Honorable Mohammed Elmi a également insisté sur le fait que les gouvernements locaux sont des acteurs clés de la restauration. Sans un soutien solide des autorités locales, les plans nationaux ne peuvent pas être mis en œuvre. Il en va de même pour les communautés locales, et ce jusqu’au niveau du village.
Les représentants des gouvernements du Nigeria, de Madagascar et du Kenya ont ensuite fait remarquer qu’il était nécessaire de formuler un argumentaire de la restauration, mais qu’ils trouvaient par ailleurs difficile de travailler avec le secteur privé. Simplifier l’accès au financement est un problème que les partenaires de l’AFR100 devront résoudre. Le gouvernement du Malawi a annoncé une allocation de 7 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral pour mettre en œuvre le RPF, et souligné deux accords en cours avec le secteur privé pour financer des entreprises qui restaurent le terrain.
Au cours d’une session sur le déploiement du RPF/Mouvement AFR100, les représentants du Niger, du Togo et du Soudan ont détaillé ce que leurs gouvernements font pour promouvoir la restauration. Depuis l’officialisation de son engagement dans l’AFR100 il n’y a qu’un an de cela, le gouvernement du Nigeria a soutenu la mise en œuvre du RPF sur 863 hectares de terres dégradées. Yacouba Seybou du Niger a déclaré que les fermiers de son pays avaient réussi à restaurer des millions d’hectares, sortant ainsi des zones rurales entières de la pauvreté.
Le Togo est un petit pays, mais il a beaucoup de place pour la restauration, a indiqué le Prince Gnama, le responsable de l’AFR100 du pays. Le Togo a finalisé son engagement pour 1,4 million d’hectares cette année seulement, mais une parcelle pilote de 400 hectares a déjà entamé son processus de restauration. Ali Osman Hamid du Soudan a insisté sur le fait que son pays avait besoin de soutien pour renforcer ses capacités. Il a approuvé sans réserve une approche de la restauration axée sur la communauté et appelé pour plus d’informations sur comment financer le déploiement de la restauration.
Après une première journée de réunions bien remplie, la conférence de l’AFR100 a repris le mardi matin pour discuter de l’avenir de la restauration du paysage en Afrique. Pour Elvis Paul Tangem, le coordinateur de la Grande muraille verte de l’Union africaine pour l’Initiative du Sahara et du Sahel, le leadership africain de l’AFR100, avec le NEPAD en son cœur, est ce qui le distingue. Il a appelé à une meilleure coordination entre les diverses initiatives de restauration dans toute l’Afrique. Stewart Maginnis, le directeur du programme mondial pour la forêt et le changement climatique de l’IUCN, a amplifié l’appel de Tangem pour la coordination, mais également insisté sur le besoin d’efficacité face au défi considérable de la restauration du paysage.
Sur trois jours de présentations instructives et de discussions intenses, la 3e conférence annuelle des partenaires de l’AFR100 a su replacer la restauration du paysage africain sous les feux de l’actualité. En route vers 2019, l’équipe de l’AFR100 est heureuse de voir ce que nos partenaires sur le terrain accompliront vers notre objectif ultime commun d’apporter 100 millions d’hectares à la restauration d’ici 2030. Après une conférence productive et source d’inspiration, le programme de la restauration du paysage africain n’a jamais été plus solide.