Auteurs : Justin Murhula Nkumbarhi, Joseph Aganze, Gilbert Muvunankiko. Crédit photo : COCAT
Dans les collines verdoyantes du territoire d’Uvira, au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, un mouvement discret mais puissant est en marche. Des femmes transforment leur vie et leur environnement grâce à une culture bien connue : le café. Portées par la Coopérative des caféiculteurs Tuungane (COCAT), elles restaurent des terres dégradées tout en bâtissant une économie locale durable.
Avec le soutien et le financement de TerraFund for AFR100, le projet de reforestation dans les collines et plaines de la région de Ruzizi a déjà touché 1532 producteurs, dont 1252 femmes. Ensemble, ils ont mis en restauration plus de 190 hectares de terres en plantant plus de 360 000 plants de café arabica et robusta. Malgré les défis climatiques et logistiques, près de 80 % des plants ont survécu – preuve de l’engagement de la communauté.
Pour et avec les Communautés
La durabilité est au cœur du projet. COCAT mène des campagnes de sensibilisation sur la prévention des feux de brousse, la déforestation, l’érosion et le changement climatique. Les agriculteurs partenaires sont également formés à l’agroécologie, aux bonnes pratiques agricoles, à la gestion post-récolte et à la mise en place et gestion des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC). « Ce projet répond aux besoins des communautés locales et s’aligne sur la vision du gouvernement congolais », explique Joseph Aganze Kahasha, chef de projet.
Témoignage : Nsimire Bayoya, Une Vie Transformée par le Café
Membres de la coopérative triant le café dans son usine. Crédit photo : COCAT
À Ndolera, Nsimire Bayoya, 52 ans, cultive désormais l’espoir. Membre de la coopérative depuis plus de cinq ans, elle a reçu 500 plants améliorés de café arabica et plusieurs formations techniques.
« Avant, je cultivais du café sans grand espoir. Aujourd’hui, je suis fière de produire du café de qualité. Je peux payer les frais scolaires de mes enfants et même rêver d’agrandir ma plantation », confie-t-elle.
En 2025, elle a récolté 280 kg de cerises de café, donnant 54 kg de café vert lavé vendu à 3,5 $ le kilo – soit un revenu de 189 $. Elle a investi dans un séchoir amélioré pour ses grains et prévoit de planter 1 000 plants supplémentaires en 2026.
« Je rêve de devenir formatrice pour d’autres femmes de mon village », ajoute-t-elle fièrement.
Malgré ce progrès l’insécurité dans la plaine de Ruzizi continue de freiner les efforts de restauration. L’accès limité aux champs et aux stations de lavage a contraint la coopérative à réduire son appui technique et à suspendre temporairement le processus de certification.
« Certains membres ont été déplacés, et d’autres ont un accès limité à leurs champs », explique Perpétue Aime Zabibu, responsable de la coopérative. Malgré cela, les agronomes et facilitateurs restent engagés, travaillant main dans la main avec les groupes locaux pour maintenir les activités de restauration.
Un Café Qui Change des Vies
Le projet de reforestation basé sur le café de COCAT est bien plus qu’une initiative agricole. C’est une révolution silencieuse menée par des femmes courageuses qui restaurent leurs terres, renforcent leur indépendance économique et inspirent leurs communautés. Chaque caféier planté est une victoire pour l’environnement, une source de revenu pour une famille et un symbole d’espoir pour l’avenir.
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À Propos de COCAT : Une Coopérative Dirigée par des Femmes
Fondée en 2012 par Madame Chantal BINWA ASSUMANI, COCAT est une coopérative gérée et animée par des femmes. Elle compte aujourd’hui plus de 1 500 membres répartis en 10 groupes dans le territoire d’Uvira. Grâce à la certification biologique obtenue par 787 membres, la coopérative attire désormais des acheteurs nationaux et internationaux.
