Cet article de blog a été publié pour la première fois par le World Resources Institute le 18 novembre 2016. Vous pouvez lire le texte original ici.
La dynamique de restauration à grande échelle n’a jamais été aussi forte. La restauration est de plus en plus reconnue comme étant une stratégie clé pour atteindre les objectifs de changement climatique et de développement durable ainsi que la demande croissante en nourriture, eau et énergie.
En octobre 2015, l’Union africaine s’est fixé l’objectif de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030. L’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100) a été lancée lors de la COP21 afin de faciliter l’action en vue de cet objectif, et comme contribution au Défi de Bonn et à l’Initiative africaine pour des paysages résilients (ARLI). L’AFR100 permet à des nations africaines d’obtenir un soutien financier et technique ciblé afin d’augmenter la restauration sur le terrain.
Le Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (Agence du NEPAD) a pris en charge le secrétariat de l’AFR100. Comme Mamadou Diakité, chef d’équipe du NEPAD pour la gestion durable des terres et de l’eau, l’affirme : « L’intérêt pour la restauration en Afrique n’a jamais été aussi marqué. L’initiative offre à l’Afrique et à ses partenaires l’opportunité de travailler ensemble pour garantir l’intensification des efforts de restauration afin d’améliorer la sécurité alimentaire, d’augmenter la résilience et l’atténuation face aux changements climatiques et de lutter contre la pauvreté en zone rurale. »
L’AFR100 fêtant son premier anniversaire et les partenaires se réunissant à nouveau pour le sommet sur le climat de la COP22 à Marrakech, il convient de se demander quels progrès ont été réalisés.
Les progrès pour obtenir des engagements politiques envers la restauration ont été plus rapides que prévu. À ce jour, 21 nations africaines ont signé l’AFR100 et se sont engagées à restaurer 63,3 millions d’hectares au total. Douze partenaires techniques et neuf partenaires financiers se sont engagés à fournir de l’aide. Les investisseurs ont alloué 481 millions de dollars à des fonds du secteur privé pour la restauration, tandis que des partenaires tels que la Banque mondiale ont accordé environ 1 milliard de dollars au financement du développement via le Business plan pour le climat en Afrique.
Quand les engagements se transforment en résultats sur le terrain
Avec autant d’engagements financiers et politiques déjà obtenus, où en sommes-nous quant à la mise en œuvre sur le terrain ? Les partenaires de l’AFR100 se sont réunis lors d’une conférence ayant eu lieu le mois dernier à Addis-Ababa afin d’identifier les progrès réalisés. Ils ont identifié cinq domaines prioritaires qui seront essentiels pour accélérer la restauration sur le terrain :
- Suivi des progrès : Le suivi sur le terrain (incluant la régénération des arbres et l’évolution des indicateurs socioéconomiques) est indispensable. Collect Earth est un outil de suivi de pointe qui regroupe les données recueillies via Google Earth et l’imagerie satellite haute résolution. Au Rwanda, les partenaires de l’AFR100 utilisent Collect Earth pour surveiller les progrès de la restauration dans deux régions.
- Opportunités de cartographie : Avec le soutien des partenaires techniques de l’AFR100, neuf pays ont pris des mesures afin de cartographier les opportunités de restauration nationale. L’Éthiopie crée des cartes d’opportunités nationales, a fixé un objectif de restauration de 15 millions d’hectares, et est en train d’identifier les paysages prioritaires pour la mise en œuvre. Récemment, le Kenya en a fait autant à l’aide de cartes afin de s’engager à restaurer 5,1 millions d’hectares. Le Malawi est en train de réaliser une évaluation nationale des opportunités de restauration avec le soutien du WRI et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui inclut la cartographie de zones où des interventions de restauration pourraient être mises en œuvre.
- Mobilisation des communautés : La restauration dépend des changements d’attitude et de comportement et de l’amélioration des pratiques de gestion, particulièrement dans les communautés rurales. Ceci a été démontré dans la région du Tigré, en Éthiopie, où un leader visionnaire local a profité du travail volontaire de la communauté et des connaissances locales pour mettre en œuvre une restauration à grande échelle sur des dizaines de milliers d’hectares. Le mois dernier, plus de 50 partenaires de l’AFR100 provenant de 16 pays ont visité le Tigré, où ils ont pu constater en personne la réussite de la restauration et parler avec des défenseurs locaux des facteurs ayant permis d’obtenir ce résultat. Au cours des 20 dernières années, des initiatives communautaires similaires ont restauré avec succès plus d’un million d’hectares avec le soutien de gouvernements régionaux et de partenaires de développement.
- Droits forts sur les terres et les ressources : Lorsque des droits sur les terres et les ressources sont garantis, les communautés sont habilitées à régir l’utilisation des ressources et sont plus susceptibles de profiter des avantages de la restauration. Les communautés habilitées par des politiques de décentralisation et des droits clairs sur les ressources sont en mesure d’éviter la dégradation des terres et motivées à investir dans la restauration. Au Niger, le renforcement des droits des agriculteurs à gérer les arbres situés sur les terres agricoles a entraîné une restauration massive, avec environ 200 millions d’arbres ayant repoussé sur 5 millions d’hectares de terres agricoles.
- Accès aux financements : Le financement de la restauration à grande échelle requiert la mobilisation de nouvelles sources de financement privé et le renforcement des marchés concernant les biens et services fournis par les activités de restauration. En partenariat avec l’AFR100 et la Nouvelle économie de restauration, le Kenya cherche à identifier les entreprises centrées sur la restauration et à les mettre en contact avec des investisseurs intéressés.
La restauration ne peut être la responsabilité d’une seule personne
Restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées est un défi considérable qui requiert l’engagement des partenaires du gouvernement, des communautés, de la société civile, des ONG et du secteur privé. Fort heureusement, un certain nombre d’initiatives cherchent à accélérer la gestion durable des paysages en Afrique. Elles incluent le Défi de Bonn, l’ARLI et l’objectif de la Neutralité en matière de dégradation des terres, entre autres.
Il est indispensable de renforcer les liens entre ces initiatives si nous voulons bénéficier au maximum des ressources techniques, humaines et financières qui y sont associées, tout en aidant de manière efficace les pays à atteindre leurs objectifs environnementaux et de développement.
Depuis son lancement, l’AFR100 a suscité l’enthousiasme et un fort engagement de ses partenaires. Le moment est venu de traduire cet engagement en restauration à grande échelle sur le terrain afin de répondre aux besoins en matière de sécurité alimentaire, réduction de la pauvreté et résilience au changement climatique pour des millions de foyers.
Reinforcing the links across these initiatives is essential if we are to derive maximum value from the considerable technical, human and financial resources associated with each, while effectively supporting countries in meeting their environment and development objectives.
In the year since its launch, AFR100 has sparked enthusiasm and strong commitment among its partners. The time is ripe to translate that commitment into large-scale restoration on the ground to meet food security, poverty reduction and climate change resilience needs for millions of households.