Cet article de blog a été publié pour la première fois par le World Resources Institute le 13 septembre 2016. Vous pouvez lire le texte original ici.
Le Kenya a annoncé le 8 septembre qu’il va restaurer 5,1 millions d’hectares de terres dégradées, une superficie à peu près égale à celle du Danemark, pour en permettre une utilisation plus productive. Cette initiative aura notamment pour conséquence, entre autres, d’améliorer les moyens de subsistance, de maîtriser le changement climatique et de protéger la biodiversité.
Évaluer le problème... et l’opportunité
Cette carte montre les opportunités de restauration potentielle au Kenya.
Du fait d’une mauvaise utilisation des terres, notamment de la surexploitation et du surpâturage, le Kenya perd rapidement des terres au profit de la désertification. Les zones arides qui composent une majorité du pays sont particulièrement vulnérables.
Le plan de restauration du Kenya n’est pas seulement notable car il contrera une partie de cette dégradation, mais aussi par la façon dont le pays a fixé son objectif international.
Le WRI a pris part à un groupe de travail technique qui a utilisé une approche de recherche novatrice afin de cartographier les différentes superficies de terres du Kenya. Ce groupe a identifié que 38,8 millions d’hectares, soit plus de 65 pour cent de la superficie totale du Kenya, pourraient faire l’objet d’une restauration. L’objectif annoncé jeudi dernier représente plus de 13 pour cent de la surface totale de terres à restaurer. (Voir la carte ici.)
Le développement de cette carte est plus qu’une impulsion en vue de respecter cet engagement : elle aidera le gouvernement, la société civile et les chefs d’entreprise à déterminer comment y parvenir. Les dirigeants locaux peuvent utiliser la carte pour identifier les activités de restauration, qui impliquent notamment la plantation d’arbres le long des cultures, la reforestation des forêts défrichées ou l’ajout de végétation le long des routes.
Une opportunité de sécurité environnementale et économique
Les bénéfices de ces actions dépassent les simples terres : la restauration viendra soutenir plusieurs secteurs de l’environnement et de l’économie à la fois. Des estimations indiquent que le carbone piégé par les arbres restaurés fera baisser les émissions de CO2 du pays de 3,7 pour cent (en 2011, 14,5 pour cent des émissions de gaz à effet de serre du Kenya provenaient de la sylviculture et du changement de l’utilisation des terres). Ces réductions contribueront à leur tour à d’autres accords environnementaux internationaux, comme la contribution déterminée au niveau national (CDN) du Kenya, afin de diminuer ses émissions de 30 pour cent en dessous du niveau habituel d’ici 2030.
Environ trois quarts des Kenyans sont agriculteurs et de nombreux habitants comptent sur les terres et leurs ressources pour leurs moyens de subsistance. À l’échelle du continent, 3 pour cent de la productivité agricole est perdue en raison de la perte des sols et des nutriments. La restauration pourra dynamiser la qualité des sols, diminuer la sécheresse et l’érosion et augmenter les rendements des récoltes. Restaurer les terres dégradées pour obtenir une plus grande productivité permettra également d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau pour les habitants.
La restauration des terres bénéficiera en particulier les personnes les plus défavorisées du Kenya, comme les membres des tribus nomades qui gagnent leur vie grâce au pâturage du bétail et aux cultures alimentaires dans ces pâturages. Ces paysages arides et semi-arides constituent 80 pour cent du pays et sont largement dégradés. Atteindre l’objectif des 5,1 millions d’hectares signifie que de grandes surfaces de pâturages devront être restaurées.
Un nouvel essor donné à un mouvement de restauration international
L’engagement du Kenya est simplement le dernier ajout à un nombre croissant de mouvements de restauration mondiaux et régionaux. Le Défi de Bonn conclu en 2011 vise à restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2020 et 350 millions d’ici 2030. Jusqu’à présent, 38 pays, dont désormais le Kenya, ont pris des engagements visant à restaurer leurs terres dégradées.
Sur le plan régional, le Kenya rejoint le Burundi, la République centrafricaine, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le Ghana, l’Éthiopie, la Guinée, le Liberia, Madagascar, le Malawi, le Mozambique, le Niger, la République du Congo, le Rwanda et l’Ouganda qui ont tous pris des engagements de restauration. Collectivement, ils ont promis de restaurer 46 millions d’hectares d’ici 2030, un objectif qui contribue au Défi de Bonn et à l’AFR100, une initiative menée au plan national dont la mission est de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées en Afrique.