[ADDIS-ABEBA] Pour restaurer les paysages africains dégradés, il est essentiel de générer des connaissances scientifiques suffisantes, car le continent dépend très largement de l’exploitation des terres et d’autres ressources naturelles pour assurer son développement économique, comme l’indiquent les experts.
Comme cela a été souligné lors de la première conférence régionale de l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100) qui s’est tenue ce mois-ci (les 11 et 12 octobre) en Éthiopie, la plupart des populations dépendent de la terre pour assurer leurs moyens de subsistance. Cependant, on a observé une très importante dégradation des terres qui exige, entre autres, des connaissances pertinentes en matière de restauration, en particulier chez les petits exploitants agricoles.
"Cela implique une collaboration entre les universités, car toutes les universités africaines ne sont pas bien dotées en ressources et capables de générer les connaissances et les outils requis", a déclaré Alice Akinyi Kaudia, secrétaire de l’Environnement au sein du Ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles du Kenya. "Il sera [également] utile de développer des centres d’excellence au sein de ces universités, dans le but de résoudre le problème rapidement."
La conférence de l’AFR100 a été organisée par le Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique, le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, la Banque mondiale et le World Resources Institute.
Nous devons entreprendre des recherches en quête d’une solution au problème. Il faut identifier les véritables problèmes, causés par la dégradation des paysages, auxquels sont confrontés les paysans ou les communautés. Cela ne peut se faire qu’en adoptant un modèle selon lequel les paysans seraient consultés tout au long du processus de recherche, depuis sa conception jusqu’à la production d'innovations et de technologies prêtes à l'usage", a ajouté Mme Kaudia.
Elle explique que l'industrie minière et les activités d'exploitation forestière dégradent une grande partie des paysages africains. "Les rivières s'assèchent, le lac Tchad n'existe plus, et le lac Turkana au Kenya est en train de disparaître. Il faut [donc] que les populations prennent très sérieusement en compte la restauration des paysages", a indiqué Mme Kaudia.
Il faut également développer les marchés pour que les paysans puissent adopter en toute confiance des approches telles que l'agroforesterie, pour qu'ils puissent vendre leurs produits en effectuant un bénéfice, en valorisant la restauration des paysages aussi bien qu'un commerce durable.
"D'un point de vue écologique, la restauration doit être examinée de manière systématique et holistique afin de permettre aux paysans d'acquérir les connaissances et les capacités d'investissement nécessaires pour obtenir des résultats tangibles", dit-elle. Elle ajoute que les gouvernements devraient créer des politiques et des mécanismes incitatifs pour que les paysans en général, et les petits exploitants en particulier, fassent des efforts en matière de restauration.
Selon Mme Kaudia, l'initiative AFR100 qui envisage la restauration d'un million d'hectares de paysages africains dégradés d'ici 2030 devrait faire l'objet d'une attention politique et scientifique spéciale, car la demande en ressources naturelles a largement dépassé l'offre.
Elle ajoute : "Nous avons besoin de nous fixer un objectif panafricain de restauration des paysages dégradés, avec des cibles quantifiées claires. On a besoin d'un type d'entrepreneuriat commercial transformateur et d'un processus inclusif rassemblant les décideurs, les paysans et les scientifiques pour qu'ils se mettent d'accord sur les technologies et les innovations qui permettront d'atteindre notre chiffre cible de 100 millions d'hectares de paysages restaurés."
Ato Kebede Yimam Dawd, le ministre éthiopien des forêts au sein du Ministère de l'Environnement, des Forêts et du Changement climatique, a indiqué que l'AFR100 accélérera la restauration des paysages tout en améliorant la sécurité alimentaire, en augmentant la résilience et l’atténuation face aux changements climatiques et en combattant la pauvreté en zone rurale.
"Nous savons que la restauration des fonctions écologiques de nos paysages est essentielle au développement économique, ainsi qu'à la garantie de notre sécurité alimentaire et hydrique", a-t-il déclaré.
L'Éthiopie, a-t-il expliqué, s'est engagée à restaurer 15 millions d'hectares, ce qui représente 1/7e de la surface du pays : "Il s'agit de planter des arbres sur une surface de 15 millions d'hectares de terres agricoles, pastorales et forestières afin d'augmenter la productivité des terres, ainsi que la résilience et le bien-être de nos populations."
M. Dawd a ajouté que le pays a observé des progrès au sein des communautés ayant mobilisé leur population de manière volontaire pour restaurer les paysages dégradés.
Cet article a été rédigé par le Bureau anglophone pour l'Afrique subsaharienne de SciDev.Net.