Cet article a été publié initialement dans The Mark News, et par le World Resources Institute le 19 mai 2017 ici.
Je me suis récemment joint à un groupe de scientifiques pour l’annonce d’une découverte surprenante dans le magazine Science : On a découvert de vastes forêts dans les déserts et les zones arides du monde, environ 467 millions d’hectares, soit une superficie supérieure à celle de l’Inde !
Des chercheurs de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, du WRI et de plusieurs autres organisations ont collaboré avec des experts locaux pour examiner des centaines de milliers d’images satellite haute résolution sur Google Earth, en comptant laborieusement chaque arbre et buisson. Ils ont finalement découvert l’équivalent d’une autre forêt amazonienne dont nous ignorions l’existence.
Découvrez de plus près les déserts et zones arides du monde
Vous allez être surpris d’apprendre que les déserts et les zones arides du monde sont pleins d’arbres. Nous sommes nombreux à croire que ces paysages sont des étendues sans fin de dunes de sable ou de terres en friche. En fait, les zones arides sont un ensemble divers de milieux qui couvrent plus de 40 % de la surface de la terre, des plaines au sud du Sahara aux steppes de l’Asie centrale, en passant par les savanes d’Amérique latine.
Les forêts des zones arides peuvent être éparses et difficiles à surveiller, ce qui explique probablement pourquoi les arbres n’y ont pas été découverts plus tôt. Nous n’avions tout simplement pas les bonnes techniques ou pas de satellites suffisamment puissants pour zoomer et voir effectivement les arbres. Ces zones n’attirent généralement pas beaucoup d’attention dans les discussions mondiales au sujet de l’environnement, mais la découverte de ces nouvelles forêts pourrait avoir une importance cruciale pour les personnes qui y vivent.
Les arbres du désert sont essentiels pour lutter contre la pauvreté
Dans le monde entier, environ 2 milliards de personnes vivent dans des zones arides, dont 90 % dans des pays en développement. Il s’agit de populations parmi les plus pauvres au monde, dont beaucoup de petits paysans et éleveurs qui dépendent de l’environnement naturel pour leur sécurité alimentaire, leur mode de vie et leur source de revenus. Pour ces populations, notre « découverte » de ces « nouveaux » arbres en utilisant une technologie moderne ne fait que confirmer ce qu’elles savent déjà : les arbres sont présents dans les zones arides et constituent pour elles une ressource vitale. Pour un paysan, un seul arbre dans le désert peut être à la fois une source d’énergie, de nourriture et d’ombre contre le soleil du désert.
Malheureusement, la plupart des forêts arides du monde ont déjà été perdues en raison de la déforestation, du surpâturage et de l’accélération probable de la désertification par le changement climatique. Une fois ces arbres perdus, leurs bienfaits disparaissent également. Les populations ne peuvent plus récolter de bois à brûler, le bétail n’a plus d’ombre pour se reposer et les sols perdent leur vitalité et subissent l’érosion par le vent. Avec la dégradation des terres, les populations sont forcées de se déplacer, ce qui génère des réfugiés et alimente la crise migratoire mondiale déjà grave.
Il existe toutefois des opportunités claires pour améliorer la protection et la restauration des forêts arides. On peut notamment planter des arbres, protéger ceux qui existent et sont menacés, et permettre aux graines et aux racines de se régénérer naturellement en les gardant jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment robustes pour résister aux dents des chèvres et du bétail.
On dispose déjà de preuves qui montrent que la restauration des forêts et l’amélioration de la gestion des terres et de l’eau ont amélioré la vie de populations entières dans le monde. Au Niger, un mouvement de régénération naturelle géré par les paysans, dans le cadre duquel les paysans ont protégé et géré les arbres et buissons qui poussent naturellement à proximité des terres agricoles, a contribué à améliorer les récoltes, à produire de la nourriture pour le bétail, à assurer l’alimentation en énergie des foyers et à augmenter les revenus. Au milieu des années 80, ces paysans ont restauré collectivement près de 5 millions d’hectares de terres avec plus de 200 millions de nouveaux arbres. Dans le nord de l’Éthiopie, qui est maintenant plus vert qu’il ne l’a jamais été au cours des 145 dernières années, les populations locales se sont organisées pour contrôler le bétail et les coupes d’arbres sur les plateaux dégradés et les pentes montagneuses, ce qui a permis la régénération de la végétation. Le paysage a été complètement transformé, ce qui a aidé les paysans à augmenter leurs récoltes, à pérenniser leurs ressources en eau et à renforcer leur résistance à la sécheresse. Des récits similaires émergent partout dans le monde. De nouvelles initiatives telles que l’Initiative de restauration des paysages forestiers africains (AFR100) ont commencé à accélérer la restauration en partageant les meilleures pratiques et en donnant accès au financement de la restauration.
Protection de notre nouvelle Amazonie
Maintenant que nous savons où se trouvent les arbres des déserts et zones arides, nous pouvons mieux les surveiller et les gérer. Et en mesurant les bienfaits générés par les arbres dans les zones arides, nous pouvons encourager à investir davantage dans ces zones rurales souvent ignorées. Les États doivent supprimer les barrières à la restauration, par exemple en veillant à ce que les paysans aient des titres de propriété clairs sur leurs terres et leurs arbres. Et nous pouvons tous faire plus pour soutenir les initiatives de restauration telles que le mouvement Greenbelt, fondé par Wangari Maathai, lauréat du Prix Nobel. Ces efforts peuvent permettre de débloquer les capacités des populations locales dans les zones arides pour gérer leur propre restauration, se sortir de la pauvreté tout en luttant contre le changement climatique.
Œuvrons ensemble à rendre les déserts et zones arides du monde ne serait-ce qu’un peu plus verts.