Douze entrepreneurs dynamiques provenant de sept pays africains, leaders dans leurs propres communautés, se sont réunis pendant plus de quatre jours pour développer leurs entreprises et créer des milliers d’emplois dans les zones rurales d’Afrique. Qu’est-ce qui les a unis ? Ils œuvrent tous dans le domaine de la réhabilitation des terres dégradées sur l’ensemble du continent et sont profondément attachés à un monde plus écologique. C’était le tout premier accélérateur de startups consacré à l’autonomisation des entrepreneurs qui exercent leurs activités dans le secteur de la réhabilitation des terres et une étape importante de la réorientation des financements nécessaires vers les économies rurales.
Pendant le déroulement du programme d’accélération de la réhabilitation des terres dégradées, organisé par le World Resources Institute (WRI) en décembre à Nairobi, les entrepreneurs ont reçu une formation sur les investissements et sur la gestion des entreprises ; cette formation était dispensée par Fledge, un réseau d’accélérateurs d’entreprises conscientes qui a effectué plus de 30 investissements en Afrique. Ils ont également travaillé avec des experts techniques et des consultants pour permettre de faire passer leurs activités au niveau supérieur. Au dernier jour, après avoir travaillé 24 heures sur 24 pour peaufiner leurs argumentaires, les diplômés du programme d’accélération ont eu l’occasion de présenter leurs activités à une salle comble d’investisseurs et de membres de la communauté d’affaires de Nairobi. Kuki Njeru de Green Pot Enterprises, une entreprise kényane à intégration verticale et spécialisée dans le bambou, était l’un des entrepreneurs qui ont participé. Elle a affirmé : "J’ai pu parler à tellement de personnes et beaucoup d'investisseurs m’ont parlé cet après-midi."
Addisu Hailu, l’un des participants a déclaré : "Nous avons passé un moment exceptionnel qui a changé notre façon de voir." Il a créé la société SA Bamboo Works en Éthiopie après avoir terminé sa thèse sur l’utilisation économique du bambou et décelé une possibilité dans le pays qui produit 65 pour cent des bambous cultivés en Afrique. L’entreprise est désormais un des principaux producteurs de bambous ; elle emploie 300 salariés dans trois usines et compte IKEA parmi ses clients. Adissu a partagé certains produits de son entreprise avec le public à l’occasion du programme d’accélération, notamment les planches de plancher, les meubles et les bâtonnets d’encens destinés aux marchés locaux et à l’exportation.
Parallèlement, au Rwanda, une autre histoire de réussite fait son apparition. Norelga Macadamia est une entreprise de production de noix de macadamia grillées et le premier transformateur industriel de noix de macadamia au Rwanda. Dirigée par Norce Elysee Gatarayiha, cette entreprise contribue à la fois à lutter contre la malnutrition et à réhabiliter les terres dégradées. Norce a commencé par une économie de 10 000 $ et 12 000 arbres de macadamia. Il travaille maintenant avec 750 agriculteurs, approvisionnant les marchés locaux et d’exportation, y compris RwandAir. Pour faire passer ses activités à l’étape suivante, il cherche un investissement de 500 000 $ pour planter un million d’arbres, ainsi qu’une nouvelle installation de production et une usine de transformation.
Ces entreprises rendent lucrative la réhabilitation des terres, mais le résultat n'est que le début de l'histoire. En réhabilitant les terres (souvent en plantant des arbres), ces entrepreneurs créent non seulement des emplois au niveau local, mais également ils contribuent à la production alimentaire et à la sécurité de l’approvisionnement en eau. Et en piégeant le carbone dans les plantes et le sol, ces entreprises luttent de manière significative contre les changements climatiques.
Le programme d’accélération de la réhabilitation, fait sur mesure, couvrait des thèmes, tels que la gestion de la pépinière et de la résistance aux changements climatiques, pour aider ces entrepreneurs à étendre leurs activités et intensifier leurs efforts visant la réhabilitation des terres. L’intensification est importante car ces 12 entreprises jouent un rôle prépondérant dans un mouvement régional et international beaucoup plus vaste. Les pays africains ont pris l’engagement d’assurer la réhabilitation de 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030 dans le cadre de l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100) menée par des pays, ce qui permet de contribuer à l’objectif mondial Défi de Bonn de 350 millions d’hectares de terres restaurées dans le monde entier. Vingt-huit pays africains se sont engagés jusqu'à présent à restaurer 113 millions d’hectares de terres dégradées, mais la seule action de l’État ne suffira pas. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, il faut absolument mobiliser le secteur privé.
Les participants de Nairobi ont signalé des effets immédiats découlant du programme d’accélération, notamment l’apprentissage de la manière de constituer un modèle financier, la prise de parole en public et le fait de raconter les histoires. "Pour nous, c’était un programme très édifiant", a déclaré Samuel Rigu de Safi Organics. "Désormais, nous sommes bien meilleurs et nous pouvons mieux raconter notre histoire." Mais, l’apprentissage est allé beaucoup plus loin que les diapositives et les conférences : Theodore Ocansey de Kete-Krachi Farms a affirmé : "J’ai beaucoup appris sur moi-même en tant qu’entrepreneur."
Ces entrepreneurs enthousiastes peuvent désormais mettre en pratique leurs connaissances nouvellement acquises, avec le potentiel de connaître une croissance plus rapide, d’attirer des capitaux et d’améliorer leurs pratiques de gestion des terres. "J’ai continué à absorber comme une vraie éponge", a affirmé Kuki Njeru de Green Pot Enterprises. "Maintenant, je sais à quel niveau les choses tournaient mal… C’est très stimulant non pas seulement pour votre entreprise, mais pour vous-même en tant qu’individu" Le WRI et Fledge continueront de travailler avec les entreprises pour les mettre en contact avec les investisseurs et les consultants. Leur histoire ne fait que commencer.