Adamou Ali Zoubeirou n'avait pas l'intention de restaurer la terre lorsqu'il a créé Addax en 2010. Après avoir travaillé brièvement dans le secteur de l'approvisionnement général, il a appris que la gomme arabique, un émulsifiant et stabilisateur naturel fabriqué à partir des branches d'acacia, était très demandée en Amérique du Nord et en Europe.
Au Niger, il y a plus de 160 000 hectares de plantes gommières naturelles ou plantées. Si les plantations de gomme arabique existantes étaient réhabilitées et mieux gérées, plus de 10 000 tonnes de gomme pourraient être récoltées. "J'ai eu des clients dans toute l'Europe qui étaient prêts à acheter la totalité de la production nationale. Addax à elle seule était prête à contribuer à l'exportation de 100 tonnes de gomme arabique par an", explique M. Adamou.
Adamou s'est rendu dans les champs d'acacias pour enquêter. Le problème est immédiatement visible : Des arbres décimés, des terres dégradées. Les cultivateurs lui ont expliqué qu'ils avaient coupés leurs arbres parce qu'ils ne trouvaient pas d'acheteurs. Ils ont planté d'autres cultures, mais leurs efforts ont échoué. "Pour restaurer ces terres, nous avons dû replanter les arbres qui produisaient de la gomme arabique et qui avaient été décimés auparavant", dit Adamou.
En plus de replanter les arbres, qui sont originaires du Niger et d'autres pays d'Afrique subsaharienne, Zoubeirou a aidé les cultivateurs à fonder des coopératives, à apprendre à traiter les cultures de manière appropriée et à comprendre le système de fixation des prix. Jusqu'à présent, Addax a travaillé avec 5 600 personnes dans les communautés locales. "Nous sommes ravis d'apprendre que ce secteur va redémarrer. Nous veillerons à son bon fonctionnement", explique Abubakar Yekini, un cultivateur de gomme au Niger. "C'est le manque d'entretien des installations de production qui a empêché la production de ces gommes, mais cette initiative de rétablissement de la vie est une bonne chose".
Abubakar et les membres de sa communauté ont jusqu'à présent planté 2 500 plants d'acacia, mais ils prévoient de parvenir à plus de 25 000 en 2023. Il a été difficile pour Addax d'obtenir un financement local pour son travail, même s'il crée des emplois à long terme pour les communautés locales. En 2021, cependant, l'entreprise a reçu un prêt à faible taux d'intérêt de TerraFund pour AFR100, une initiative de World Resources Institute, One Tree Planted et Realize Impact qui finance les meilleurs projets et entreprises de restauration en Afrique. Ce prêt soutient les travaux de restauration de ces entreprises, qui comprennent la régénération naturelle assistée, afin d'accroître la biodiversité et de lutter contre l'érosion des sols et la désertification.
Selon M. Adamou, l'abattage des arbres reste un problème majeur dans la région, malgré les lois visant à protéger la végétation. Il est difficile de contrôler l'état des champs, qui nécessitent des jours de voyage pour y accéder depuis Niamey, la capitale du pays. Néanmoins, M. Adamou est convaincu que le succès d'Addax contribuera à convaincre les gens des avantages de la plantation d'arbres pour une prospérité à long terme, plutôt que de leur abattage pour un profit immédiat.