Cet article de blog a été publié pour la première fois par le World Resources Institute le 5 décembre 2015. Vous pouvez lire le texte original ici.
PARIS (6 décembre 2015)—Les pays africains ont lancé l’initiative AFR100 (Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains), un effort panafricain mené à l’échelle nationale et dont l’objectif est de restaurer 100 millions d’hectares (soit 1 million de kilomètres carrés) de paysages déboisés et dégradés d’ici 2030. L’Union africaine a approuvé l’objectif de 100 millions d’hectares de l’AFR100. Jusqu’à présent, 10 pays africains ont accepté de rejoindre l’AFR100 et de s’engager à restaurer au moins 31,7 millions d’hectares de paysages forestiers. Les partenaires de l’AFR100 ont investi plus de 1 milliard USD en financement du développement et plus de 540 millions USD pour les investissements du secteur privé afin de soutenir les activités de restauration.
Cette annonce a été faite à l’occasion du Forum mondial sur les paysages organisé dans le cadre de la conférence des parties (COP21) de Paris, où la restauration des paysages forestiers est considérée comme l’un des principaux éléments du mouvement mondial visant à atténuer le changement climatique et à s’y adapter. Les objectifs de l’AFR100 s’appuient sur d’importants engagements pour le climat pris par de nombreux pays africains dans le but de soutenir un accord mondial sur le climat à caractère contraignant.
"La restauration de nos paysages amène prospérité, sécurité et opportunités", a déclaré le ministre des Ressources naturelles du Rwanda, le Dr Vincent Biruta. "Avec la restauration des paysages forestiers, nous avons vu que les rendements agricoles augmentent et que les paysans des zones rurales parviennent à diversifier leurs moyens de subsistance et à améliorer leur bien-être. La restauration des paysages forestiers n’est pas seulement une stratégie environnementale ; c’est aussi une stratégie de développement économique et social."
Pour la première fois, l’AFR100 rassemble les responsables politiques dans le cadre d’un ambitieux programme de ressources financières et techniques, dans le but de soutenir les efforts de restauration à grande échelle des paysages forestiers africains. Neuf partenaires financiers et 10 prestataires d’assistance technique ont promis leur soutien. À leur tête, on trouve le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Agence du NEPAD), le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), et le World Resources Institute (WRI).
"L’ampleur de ces nouveaux engagements pour la restauration des paysages est sans précédent", a déclaré Wanjira Mathai, Présidente du Mouvement de la ceinture verte ("Green Belt Movement") et fille de la lauréate du Prix Nobel de la paix Wangari Maathai. "J’ai vu les résultats de la restauration des paysages à travers l’Afrique dans des communautés petites et grandes, mais la promesse que représente un mouvement panafricain constitue une véritable inspiration. La restauration des paysages sera un apprentissage et un enrichissement pour les communautés rurales en même temps qu’elle permettra de partager les bénéfices générés avec les habitants des villes. Tout le monde est gagnant."
Parmi les pays qui ont accepté de rejoindre l’initiative AFR100, on trouve les suivants :
- République démocratique du Congo | 8 millions d’hectares
- Éthiopie | 15 millions d’hectares
- Kenya | le pays s’est engagé, mais sa surface cible est en cours de discussion
- Liberia | 1 million d’hectares
- Madagascar | le pays s’est engagé, mais sa surface cible est en cours de discussion
- Malawi | le pays s’est engagé, mais sa surface cible est en cours de discussion
- Niger | 3,2 millions d’hectares
- Rwanda | 2 millions d’hectares
- Togo | le pays s’est engagé, mais sa surface cible est en cours de discussion
- Ouganda | 2,5 millions d’hectares
L’AFR100 s’appuie sur les engagements pour le climat pris par les pays africains. Jusqu’à présent, 13 des contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) soumises par les pays africains traitent de la restauration des paysages, de la conservation des forêts intactes ou d’une agriculture intelligente face au climat. Selon une analyse du WRI, le respect des engagements pourrait permettre de réduire de 1,2 Gt (de manière cumulative) les émissions d’équivalent CO2 au cours des 10 prochaines années, ou encore de 36 % les émissions annuelles de l’Afrique et de 0,25 % les émissions mondiales.
"La restauration des paysages représente un véritable cadeau de la part de l’Afrique au reste du monde", a déclaré le Dr Andrew Steer, président et PDG de World Resources Institute. "Alors que le monde établit un accord pour le climat à Paris, ce sont les pays africains, dont la responsabilité vis-à-vis du changement climatique est la moindre, qui assument un rôle de pionniers en se fixant des objectifs ambitieux en matière de restauration des paysages. Ces pays sont en passe d’atteindre leur objectif de restauration de 100 millions d’hectares de paysages. Cela devrait aider à piéger le carbone et à générer des avantages économiques pour les communautés rurales à faibles revenus. Ces responsables africains concrétisent leurs discours par l’action en apportant une contribution réelle en réponse à la menace que fait peser le changement climatique sur la planète."
L’AFR100 reconnaît les atouts des forêts et des arbres pour les paysages africains : meilleure fertilité des sols et meilleure sécurité alimentaire, plus grande disponibilité et qualité des ressources aquatiques, désertification limitée, biodiversité augmentée, emplois verts, croissance économique et capacité accrue de résilience et d’atténuation face aux changements climatiques. La restauration des paysages forestiers peut permettre d’améliorer les moyens de subsistance et notamment ceux des femmes. Par exemple, il y a 20 ans, les femmes du sud du Niger passaient 2,5 heures par jour en moyenne à ramasser du bois pour le feu, une ressource rare dans un paysage dégradé. Aujourd’hui, elles taillent les branches des arbres de leurs fermes, économisant ainsi deux heures par jour qu’elles peuvent consacrer à d’autres activités génératrices de revenus.
Les engagements pris dans le cadre de l’AFR100 contribuent également au Défi de Bonn, un objectif mondial adopté par l’Allemagne en 2011 qui vise à restaurer 150 millions d’hectares de paysages d’ici 2020 ; la Déclaration de New York sur les forêts qui vise à étendre ce challenge à une surface de 350 millions d’hectares d’ici 2030 ; et l’Initiative africaine pour des paysages résilients (ARLI), une initiative qui vise à promouvoir la gestion intégrée des paysages dans le but de s’adapter et d’atténuer les effets du changement climatique. Avec ces nouveaux partenaires, le processus du Défi de Bonn a déjà dépassé le seuil des 86 millions d’hectares restaurés. Il est en bonne voie d’atteindre son objectif bien avant la date fixée en 2020.
L’AFR100 s’appuie sur une tradition bien ancrée de restauration satisfaisante des paysages forestiers africains. Dans la région du Tigré en Éthiopie, les communautés locales ont déjà restauré plus d’un million d’hectares, de telle manière que les paysages sont devenus plus résistants à la sécheresse. Au Niger, les paysans ont augmenté le nombre d’arbres plantés sur leurs fermes sur une surface totale de 5 millions d’hectares de paysages agricoles, améliorant de la sorte la sécurité alimentaire de 2,5 millions de personnes. L’AFR100 s’engage à établir un forum de pays et de communautés visant à partager les connaissances et les ressources dans le but de restaurer les paysages à plus grande échelle.
"Nous savons que la restauration des paysages fonctionne en Afrique. Nous avons vu des projets se réaliser dans des pays aussi divers que le Malawi, l’Éthiopie et le Mali", a déclaré le Dr Ibrahim Assane Mayaki, Président du NEPAD et ancien Premier ministre du Niger. "Mais nous devons mener les efforts de restauration à plus grande échelle, sur l’ensemble du continent. Plus de 700 millions d’hectares de paysages africains pourraient être restaurés. L’AFR100 constitue une plateforme de travail collaboratif plus efficace dont la vocation est d’accélérer l’obtention de résultats satisfaisants en matière de restauration des paysages, dans l’intérêt de dizaines de millions de personnes qui recherchent actuellement des moyens d’adaptation au changement climatique afin d’améliorer leur bien-être."
L’AFR100 aidera à traduire d’ambitieux engagements en actions et en résultats sur le terrain, avec le soutien d’investisseurs du secteur privé, de banques de développement et de bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. L’AFR100 emploiera une variété d’instruments financiers comme des subventions, des investissements en capital, des prêts, des garanties concernant la gestion des risques et des fonds destinés à des interventions spécifiques.
Jusqu’à présent, les partenaires de l’AFR100 ont avancé plus d’un milliard USD pour le développement du financement :
- Banque mondiale : Un milliard USD d’investissement dans 14 pays d’Afrique d’ici 2030, dans le cadre du Business plan pour le climat en Afrique afin de soutenir un développement à faible teneur en carbone et résilient au climat
- Le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) apporte son soutien au développement de l’initiative AFR100
Les principaux investisseurs ont déjà contribué à hauteur de 546,5 millions USD pour soutenir la restauration des paysages dans le cadre de l’AFR100 :
- EcoPlanet Bamboo : 175 millions USD d’ici 2020
- Investissements dans la sylviculture durable – Pays-Bas : 150 millions USD d’ici 2030
- Terra Global Capital : 100 millions USD d’ici 2030
- Green World Ventures : 65 millions USD d’ici 2020
- Moringa Partnership : 56,5 millions USD d’ici 2030
- NatureVest (branche chargée des investissements au sein de Nature Conservancy)
- Permian Global
Grâce à l’AFR100, nous avons l’intention de susciter l’un des investissements les plus importants au monde en matière de restauration des paysages forestiers", a déclaré Son Excellence le Dr Gerd Müller, ministre fédéral allemand chargé de la Coopération économique et du développement. "Cet investissement est vital pour donner les moyens aux communautés locales de mener à plus grande échelle les efforts de restauration encourageants que nous avons observés en Afrique au cours de la dernière décennie."
En plus de nouveaux financements, une coalition d’organisations se chargera de fournir une assistance technique pour un grand nombre d’activités comme la cartographie des opportunités de restauration, la recherche de financements complémentaires et la mise en œuvre des efforts de restauration sur le terrain. Parmi les partenaires, on peut citer World Resources Institute (WRI), la Fondation Clinton, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), l’Institut Jane Goodall (JGI), Kijani, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Agence du NEPAD), l’Initiative paysages pour les personnes, l’alimentation et la nature (Landscapes for People, Food and Nature Initiative, LPFN), l’organisation The Nature Conservancy et le Mouvement de la ceinture verte.