Principes
Les 10 principes de l'approche paysagère sont le résultat d'un processus intergouvernemental et interinstitutionnel. Ces principes représentent le consensus d'un grand nombre d'importants acteurs au sujet de la meilleure manière d'intégrer la production agricole et la conservation environnementale à l'échelle du paysage.
- Principe 1: Apprentissage continu et gestion adaptative - Les processus paysagers sont dynamiques. Malgré les incertitudes relatives aux causes et aux effets, les changements des caractéristiques paysagères doivent être pris en compte dans les prises de décision. Les apprentissages tirés des résultats obtenus peuvent servir à améliorer la gestion. La gestion adaptative et, plus récemment, « la gestion adaptative et collaborative » ont été identifiées comme des approches pratiques de ce processus d'apprentissage continu.
- Principe 2: Commencer par gérer les préoccupations partagées - Il s'agit d'identifier les moyens d'aller de l'avant sans plus attendre, en se fixant des objectifs plus simples à court terme, pour commencer à établir des relations de confiance avec les principaux acteurs. Chaque acteur rejoindra le processus uniquement s'il juge que cela est dans son intérêt. Le fait de lancer le processus en privilégiant des cibles intermédiaires faciles à atteindre peut servir de socle de base aux acteurs qui souhaitent commencer à travailler ensemble.
- Principe 3 : Échelles multiples - De nombreuses influences systémiques et retours affectent les résultats de gestion. Toutefois, leurs impacts s'expliquent par l'impact d'un grand nombre d'influences et de contraintes extérieures. Une sensibilité accrue vis-à-vis des processus de haut ou de bas niveau peut améliorer la qualité des interventions locales, informer la prise de décision et la gouvernance de haut niveau, et aider à coordonner les organes administratifs.
- Principe 4 : Multifonctionnalité - Les paysages et leurs composantes présentent des usages et des objectifs multiples. Chacun d'eux est valorisé de différentes manières par différents acteurs. Des compromis existent parmi les différents usages paysagers ; ils doivent être réconciliés. L'approche paysagère prend en compte les différents compromis relatifs à ces biens et ces services en les traitant d'une manière spatialement explicite, déterminée par son écosystème. Cette manière de faire permet de réconcilier les multiples besoins des acteurs, ainsi que leurs préférences et leurs aspirations.
- Principe 5: Acteurs multiples - Des acteurs multiples déterminent et expriment leurs objectifs de différentes manières. L'absence de mobilisation équitable des acteurs dans les processus de prise de décision conduira à l'obtention de résultats inférieurs à leur niveau optimal et parfois contraires à l'éthique. Tous les acteurs doivent être reconnus, même si la poursuite efficace des solutions négociées inclura peut-être un groupe d'acteurs plus restreint et exclusif.
- Principe 6 : Une logique de changement négociée et transparente - La transparence est la base de toute relation de confiance entre les acteurs. Elle est obtenue grâce à un processus de changement mutuellement accepté et négocié, et elle est soutenue par la bonne gouvernance. Tous les acteurs doivent comprendre et accepter la logique générale, la légitimité et la justification de chaque démarche. Ils doivent être conscients des risques et des incertitudes. La création et le maintien du consensus constituent l'objectif principal d'une approche paysagère.
- Principe 7 : Clarification des droits et des responsabilités - Les règles concernant l'accès aux ressources et l'utilisation des terres déterminent les résultats obtenus dans le domaine social et en matière de conservation. Elles doivent être claires pour former un socle de gestion sain. Un système de justice équitable permet de résoudre les conflits et d'avoir des voies légales de recours. Les droits et responsabilités de chaque acteur doivent être clairs et acceptés par tous les acteurs. La clarification des droits et des responsabilités de chacun remplace désormais l'approche fondée sur l'autorité et la surveillance.
- Principe 8 : Suivi participatif et facile d'utilisation- Afin de faciliter l'apprentissage collectif, l'information doit être facilement accessible. Les systèmes qui intègrent différents types d'informations doivent être développés. Lorsque les acteurs auront déterminé les actions et les résultats qu'ils souhaitent mener et obtenir, ils seront intéressés par l'évaluation des progrès de la même manière. La collecte et l'interprétation de l'information constituent une étape vitale du développement et de la mise à jour des « théories du changement » sur lesquelles repose l'approche paysagère.
- Principe 9 : Résilience - À l'échelle du système, la résilience peut être augmentée au travers de la reconnaissance active des menaces et des vulnérabilités. Il faut encourager les actions visant à traiter les menaces et à favoriser la régénération après les perturbations en améliorant les capacités de résistance et de réaction. Il se peut que la résilience ne soit pas bien comprise en toutes circonstances. Cependant, elle peut être améliorée par l'apprentissage au niveau local et l'apprentissage à partir des expériences faites par d'autres.
- Principe 10 : Renforcer les capacités des acteurs - Les populations doivent participer efficacement et accepter divers rôles et responsabilités. Une telle participation présuppose certaines compétences et capacités (sociales, culturelles, financières). La nature complexe et changeante des processus paysagers implique le besoin d'une représentation compétente et efficace, ainsi que des institutions qui sont capables de traiter tous les sujets qui émergent au cours du processus.
Ces dix principes pour une approche paysagère visant à réconcilier l'agriculture, la conservation et les autres usages des terres en compétition. Ils donnent davantage de détails sur l'approche paysagère et la manière dont elle peut aider à atteindre des objectifs sociaux, économiques et environnementaux, notamment dans les domaines dans lesquels l'agriculture, l'industrie minière et d'autres usages productifs des terres sont en compétition avec des objectifs relatifs à l'environnement et à la biodiversité.