Gestion communautaire des mangroves à Madagascar
L’activité de charbonnage exerce une forte pression sur les mangroves à Madagascar à cause de l’existence de grandes agglomérations aux alentours de la Région de Diana (Nosybe, Ambanja, Ambilobe). Les activités liées à l’agriculture comme la transformation des mangroves en rizière et la divagation de bétails dans les mangroves contribuent à la dégradation de l’écosystème. L’inexistence ni de structure ni de règle de gestion faisait que les mangroves de la zone subissaient d’importantes pertes annuelles. En même temps, pendant de fortes pluies, les bassins versants causent de plus en plus d’inondations excessives dans les mangroves.
Pour casser le cercle vicieux de dépendance aux ressources naturelles, dégradation du capital naturel et appauvrissement de la population, un projet de WWF Madagascar pour promouvoir la gestion communautaire des mangroves a vu le jour. De vastes terrains de mangroves ont été restaurés activement avec 11.000.000 de plants à l’échelle de 8.000 plants à l’hectare. La priorisation des espèces résistantes aux changements climatiques ainsi que les espèces les plus utilisées par la communauté ont permis une réponse climato-intelligente quant aux effets ressentis ou futurs du changement climatique. En plus, des règles de gestion ont été adoptées afin de permettre la restauration passive des zones d’importance écologique.
La restauration de ces 1.400 hectares des mangroves a permis de « garder » le potentiel producteur de la zone en différents ressources halieutiques d’importance régionale, sinon nationale. Ceci est valable pour la reproduction de crabes (Scylla serrata) dont la destruction de l’habitat ainsi que la prolifération des pratiques non durables ont été réduits grâce aux actions de la restauration des mangroves. Il est également important pour la production de crevettière qui souffre une forte chute de la production, menant à l’abandon de la zone par plusieurs sociétés de pêche et menaçant la survie de plusieurs milliers de pêcheurs traditionnels. Ce projet aide aussi au maintien de la pêche aux poissons, source de survie de milliers de pêcheurs qui dépendent d’espèces comme les sardinelles (Malainisaja) et les maquereaux (Mahaloky).
Les communautés locales sont au centre du projet. L’amélioration globale des mangroves et leur conservation ont été les principaux résultats. La restauration massive a aussi permis de conscientiser les communautés quant à l’importance de la préservation de cet écosystème. 140.000 personnes ont travaillé activement sur les activités de reboisement. L’activité se déroule pendant la période de soudure agricole qui se superpose aussi à la période de fermeture annuelle de la pêche aux crevettes, ce qui a permis l’adhésion massive des communautés de pêcheurs. Les femmes sont majoritaires dans la mise en œuvre de l’activité, de même que les couches vulnérables de la population.
Comment suit-on le progrès du projet ? Premièrement, un système de « suivi écologique » comprenant le suivi des sites de reboisement est mis en place dans la zone. Deuxièmement, un système de « suivi de capture » a été mis en place avec la communauté pour le suivi de l’évolution des captures de poissons. Troisièmement, des évaluations ponctuelles de l’état de l’écosystème ont été menés.
Heritiana Rakotomalala, hrakotomalala@wwf.mg