Niamey, Niger: 26-27 septembre
La semaine dernière, des représentants de 24 pays africains ont réaffirmé leur engagement en faveur de la réhabilitation des paysages dégradés et de l’amélioration des moyens de subsistance en Afrique. Lors d’une conférence au Niger, les membres partenaires de l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100) ont partagé leurs expériences en la matière et ont discuté du rôle de la restauration dans leurs objectifs nationaux de développement durable.
Menée à l’échelle nationale, l’AFR100 est une initiative panafricaine qui vise à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030. Jusqu’ici, les pays se sont déjà engagés à en restaurer 80 millions. Les 26 et le 27 septembre derniers, les pays participants se sont penchés sur le passage à l’action, et ont partagé des outils pratiques et concrets pour faire démarrer avec les communautés locales les activités de restauration.
Le Niger, qui accueille cette année la conférence, montre déjà l’exemple : à son actif, 5 millions d’hectares de terres restaurées selon une technique dite de Régénération Naturelle Assistée. "La restauration est un point d’importance capitale pour la résilience de nos communautés," dit le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable du Niger, Almoustapha Garba. "Pour le Niger, le Défi de Bonn, traduit par l’initiative AFR100, est une très grande ambition, mais réalisable. Au Niger, nous avons l’habitude de dire, c’est difficile mais ce n’est pas impossible. Et nous l’avons démontré à travers la pratique. J’ai le grand espoir que le Niger sera le premier pays à attendre sa cible et à respecter son engagement."
L’approche en termes de restauration des paysages forestiers, au cœur même de l’AFR100, ne se contente pas de protéger la nature mais se soucie principalement du sort des populations. Pour l’Afrique, la restauration des paysages est une occasion de générer de nouveaux revenus, d’améliorer les moyens de subsistance des populations, de renforcer la sécurité alimentaire et de construire une véritable capacité de résilience, particulièrement contre les effets du réchauffement climatique tels qu’ils s’observent au Sahel.
"Les pays sont enthousiastes à l’idée d’être passés de la phase de conception des stratégies de restauration à celle de leur mise en œuvre et d’exécution sur le terrain," exprime Mamadou Diakhite, Chef de Projet à l’Agence d’Organisation et de Coordination du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), qui fait office de secrétariat de l’AFR100. "Il va y avoir des pelles pour creuser, planter des arbres et restaurer la terre. C’est un moteur pour les pays."
L’Afrique prend le leadership
L’engagement des pays partenaires de l’AFR100 fait de l’Afrique le leader mondial dans la restauration des paysages forestiers. L’AFR100, en plus de s’ajouter aux engagements de développement durable et de restauration de chaque pays, contribue à la réalisation d’objectifs mondiaux comme le Défi de Bonn, les Objectifs de Développement Durable et la Déclaration de New York sur les Forêts. L’initiative complète également des projets régionaux comme l’Initiative africaine pour des paysages résilients (African Resilient Landscapes Initiative, ARLI), l’ALAP (African Landscapes Action Plan) et L'Initiative africaine de la grande muraille verte (IAGMV). L’AFR100 a été annoncée lors du Global Landscapes Forum à la Conférence des Parties (COP21) à Paris, où l’accent a été mis sur le rôle de la restauration des paysages forestiers dans l’effort global de lutte et d’adaptation au réchauffement climatique.
"En 2011, le Ministre de l’Environnement a lancé le Défi de Bonn, avec l’ambition de restaurer 150 millions d’hectares d’ici 2020," explique Horst Freiberg, Directeur de Division au Gouvernement Fédéral Allemand pour l’Environnement, la Conservation de la Nature et la Sécurité Nucléaire. "L’Initiative AFR100 est un sursaut pour soutenir et mettre en œuvre cet objectif mondial à un niveau régional."
"Nos deux ministères travaillent main dans la main pour faire de l’AFR100 la plateforme de mise en œuvre du Défi de Bonn en Afrique," ajoute Bernhard Worm, Conseiller Principal au Ministère Fédéral Allemand pour la Coopération Economique et le Développement (BMZ).
Cette semaine, les partenaires de l’AFR100 ont examiné de près les directives et les principes directeurs de l’initiative pour traquer le progrès effectif dans la réalisation de l’objectif, et pour repérer et partager les meilleures pratiques de restauration. Ils ont également appelé les autres pays africains à rejoindre l’initiative et à s’engager pour la restauration.